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Pascal Vinardel

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Pascal VINARDEL est né le 29 avril 1951 à Casablanca, dans le Maroc du protectorat français dont il gardera la nostalgie. Issu d'une famille d'intellectuels et de musiciens, il s'oriente très tôt vers la peinture. Rentré en France en 1965, il poursuit ses études au lycée Janson de Sailly de Paris, puis après l'obtention d'un baccalauréat littéraire en 1969, il est admis à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris dont il obtient le diplôme en 1972.

 

Après avoir été primé à plusieurs occasions, il est reçu en 1974 au concours de la Casa Velasquez. De retour à Paris après une séjour de deux ans à Madrid, il rencontre ses premiers marchands, et d'importants collectionneurs commencent à remarquer ses travaux.

Exposant rarement, Pascal Vinardel affermit dès cette époque une réputation de peintre secret, à l'écart des modes de son temps et produisant peu.En 1988 il rencontre sa future femme dont il aura, en 1995, une fille.

De 1994 à 2000, il dirige un atelier de peinture à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.

Après un séjour d'une dizaine d'années dans le sud-ouest de la France, il revient à Paris en septembre 2006, partageant désormais son temps entre la ville et la campagne.

En 2013, Pascal Vinardel est nommé Chevalier des Arts & des Lettres.


Citations

[...]Vinardel suspend son geste, il connaît la ténuité de l’instant. Il sait qu’un seul coup de brosse surperflu et la magie disparaît. Cette insoutenable lumière de l’aube nous éclabousse, qui anoblit toute masure, transfigure le banal. Retenir son souffle, sa main, pour apprivoiser l’invisible, être ce passeur d’images furtives, la soie d’une aile de papillon.

Cette ville que le peintre vous montre, pareille à mille autres, à nulle autre, n’existe que dans la mémoire collective. « C’est un palais », dit l’un, « plutôt un monastère » fait l’autre « Pas du tout, c’est un mausolée » assène le troisième. Tous tendent la main, en proie au doute, ils veulent se rassurer. Mais le décor paravent bascule, devient colline, bosquet, change de couleur et jamais ils ne l’atteignent.  « Je connais cette maison » reprend le premier. « J’y suis né » déclare son compère.  « Dans cette chambre, j’ai aimé » murmure le dernier. « Oui » affirment-ils en chœur « cette lumière éclairait ma fenêtre ».

A nouveau ils tendent la main, vont toucher le mur. Rien. Seuls les ocelles de poussière leur restent au creux des paumes.

« Le crépuscule excite les fous » disait l’auteur des Fleurs du Mal. Eux sont plutôt hébétés, le regard embué de qui a perdu ses repères, a raté le dernier train. La mémoire des infirmes vacille mais la ville est là, adossée au clair-obscur, et « dès lors et de toujours et de maintenant. » Ont-ils vécu entre ces murs ou, juifs errants, n’ont-ils fait que frôler la Cité comme on caresse une amante ?

Les voyageurs s’assoient, exténués. Se prennent vaguement d’attendre. Attendre quoi ? La mer monter, le jour finir, qui sait. La nuit vient, les submerge peu à peu.

On ne distingue plus que le mur blanc du monastère. Lumière abrasive, ce mur blanc les aveugle mais ils ne cillent pas. Ils veulent croire que cette clarté nue, c’est de la douleur enfouie, leur amnésie abolie et l’enfance retrouvée. La nuit c’est la lumière qui a figé, coagulée, prégnante d’anciennes senteurs. Elle pardonne tout et tend sur eux son drap.

Toutes ces villes réifiées ne figurent sur aucune carte. Ys, Ur, Babylone, ne perdurent dans la mémoire collective que parce qu’elles exercèrent une fascination indéniable sur les rares voyageurs qui, comme Marco Polo, les ont traversées, comme par inadvertance.

Ces chercheurs d’absolu, nul n’en a plus entendu parler...Ou alors, à des milliers de kilomètres de là, dans un port du bout du monde, au bord d’une décharge, ces êtres falots, oubliés, qui ont en commun un regard glauque, un iris délavé d’avoir trop scruté les syrtes ou vu les flammes d’un peu trop près. Leurs yeux plissés ne rêvent plus à ces lointaines thébaïdes, car une fois dans leur vie, ils ont vu.

Je vous vois sceptique, vous vous demandez : ces villes, ces furtives silhouettes, ces vies, ces ombres sont-elles bien réelles ? Qu’importe, si elles vous ont aidé à vivre.

Pascal Vinardel est un peintre inclassable, mais à l’égal des plus grands, Vermeer, Rembrandt, Velasquez, d’autres, ses toiles exsudent une part de mystère irréductible à la plus fine analyse. Un jour, sans doute, cet artiste aura ses exégètes dont la glose savante étourdira le vulgaire. Mais s’ils n’ont pas su voir, mettre leur pas dans ceux du peintre, leur propos, alors, ne sera que monnaie de singe.

Gilles Ravry

(La lumière du songe extrait de texte du catalogue 2017)


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